Journée 31 / 14 août – Gourin Le Faouët
Aujourd’hui journée consacrée au Faouët (note 13)(photo 1 et 2) où la cour et la salle du patronage paroissial sont mises à notre disposition (ajout de l’abbé Falc’hun).
Avant le déjeuner prise de vue et photo de danse, entre autres Mlle Tandé (?) dansant le gimnaska et étant obligée de le danser seule (photos 3 et 4) faute de partenaire encore vivant le sachant [séquence 16], puis de quatre danseurs[séquence 17] (plus photos 5 à 17).
Après le déjeuner, photos et enregistrements [musique biniou-bombarde 6, 7, 8, 9, 10, 11] des sonneurs de biniou et bombarde [séquence 18] et des instruments. Le biniou(photo 18) et la bombarde (photos 19 et 20) portaient le même décor (illustration 21) incrusté en argent [en étain].
Le sonneur de bombarde est aveugle (J.M. Breton). Il l’est depuis l’âge de 16 mois. Il a commencé par fabriquer (ou rempailler ?) des chaises mais des Italiens sont arrivés dans le pays et lui ont fait une telle concurrence qu’il a dû abandonner ce métier ; il se mit alors à fabriquer des pincettes à braise pour allumer les pipes ; on prenait alors du tabac à chiquer. Mais l’usage du tabac à cigarette et des briquets s’est vulgarisé et il dû de nouveau cesser cette industrie ; il se mit alors à composer des chansons bretonnes qu’il vendait sur feuilles volantes mais la vogue fut bientôt aux chansons françaises. Il devint alors sonneur de bombarde pour toutes les occasions pour lesquelles ont utilisait cet instrument ; il avait appris à en sonner avec Nicolas Gerbet le joueur de biniou vers l’âge de 17 ans. C’est son métier actuel ; malheureusement l’accordéon supplante de plus en plus le biniou et la bombarde et il est sans doute sur le point de changer d’activité. Il est symptomatique que cet homme, privé du secours de la vue, ait été victime successivement des différents aspects de la vie moderne dans sa région ; autres faits caractéristiques : 1°/ il fabriquait jusqu’à ces derniers mois des pincettes à braise pour la vente touristique par l’intermédiaire d’un magasin de la place des halles (or s’étant blessé au pouce droit il ne peut plus les fabriquer) ; 2°/ il ne sait parler que le breton n’ayant jamais été à l’école et ses parents sachant à peine le français. Ayant appris tous ces détails un des membres de la mission s’est rendu chez J.M. Breton (photos 22 et 23) et a acheté pour le MNATP deux pincettes à braise, deux pipes en buis et un étui à pipe en écume fabriqué par lui (photos 24 à 26). [inventoriés au musée sous les n°s 1940.19.3 à 7]
Pendant ce temps des enregistrements [chant 148 (M. Morvan), 149 (veuve Poulichet), 150 (veuve Poulichet), 151 (veuve Bacon)], notations linguistiques et musicales étaient effectuées chez Mme Bacon, de Mmes Bacon, Morvan et Poulichet (photo 27) et se poursuivaient jusqu’à 19h environ.
Il est à signaler que pour la première fois aujourd’hui un informateur, le danseur M. Huiban, a réclamé une rétribution pécuniaire pour sa peine et son dérangement, malgré le cadeau qu’il avait reçu le matin après les danses. rétribution refusée naturellement.
NOTE 13 de l’addendum au journal de route (qui comprend, pour les lieux où la mission s’est rendue et au fur et à mesure qu’ils sont traités dans le journal de route, les réponses aux questionnaires qui avaient été lancés avant le départ de la mission et en vue de l’établissement de son itinéraire).
13 – Le Faouët (Morbihan)
Réponses I à III : On y danse la gavotte, le bal à la mode de Scaër (M. Ezvan, notaire au Faouët, quest. 5/99 reçu le 7 juillet 1939), le jabadao, le bal à quatre, le pistiloup (M. Begasse, pharmacien au Faouët, quest. 5/89 reçu le 1er juillet 1939). Les sonneurs de biniou et de bombarde y sont rares ; ils jouent pour les fêtes patronales, pour les grands concours ; ils sont parfois appelés d’un village à l’autre pour certaines grandes noces, mais rarement de nos jours, car ils coûtent trop cher. Les joueurs d’accordéon par contre ne manquent pas ; ce sont eux qui sont maintenant en vogue ; ils sont appelés pour les mariages, les bals (M. Le Borredec, curé-doyen au Faouët, quest. 5/13 reçu le 6 juin 1939).
Réponses IV : - Le dernier dimanche de juin, grand pardon de sainte Barbe au Faouët.
- Le premier dimanche d’octobre, fête du Rosaire.
Réponses V à VII : - Pour les baptêmes, un repas seulement.
- Pour les mariages, deux jours de noces, avec chants, et danses nouvelles. Les mariages se font indifféremment les trois premiers jours de la semaine.
- Pour la veillée des morts, longues prières et quelques lectures pieuses (M. Begasse, loc. cit. : "une seule vieille, paraît-il, va aux veillées funèbres, dire des prières entremêlées de breton et de latin").
- Après les funérailles, un repas sérieux, ou au moins un casse-croûte (M. Ezvan, loc. cit.).