Journée 41 / 24 août – Châteauneuf-du-Faou Le Cloître-Pleyben, Kerdry
Nous avons été aujourd’hui au Cloître-Pleyben (photos 1 à 3). Yann Morvan y est arrivé vers 10 h et nous avons aussitôt essayé d’organiser le travail : nous avons parcouru quelques fermes et cherché dans le bourg des informateurs. Plusieurs faits ont diminué l’efficacité de l’entreprise : la sœur de Yann Morvan avait vu brûler la veille sa grange remplie du blé qu’on venait de rentrer et que l’on devait battre aujourd’hui. M. Autret, un de nos informateurs, était parrain au baptême de son petit-fils, ni le recteur ni l’instituteur n’étaient là et enfin, les nouvelles internationales continuent à nous gêner. Cependant nous avons pu travailler [chant 189 (M. Autret)].
Nous avons installé notre quartier général dans l’arrière salle d’une boucherie-débit (photo 4), salle qui sert d’abattoir et aussi salle de bal… Des guirlandes de papier multicolores étaient encore suspendues, vestiges du bal du 15 août, mais une odeur de boucherie s’y ajoutait malencontreusement. La salle fut envahie, malgré nos efforts, supplications et menaces par des tas d’ enfants et des curieux qui génèrent beaucoup un moment la prise de son mais M. Falc’hun prit prétexte d’une chanson au thème quelque peu inquiétant [chant 189 : « Le Tailleur berné »]pour expulser tous les enfants, et la séance se poursuivit convenablement ; la chanson aussi (ajout et corrections par l’abbé Falc’hun) . Nous avons ainsi enregistré Mme Le Goff [chant 187 (Mme Le Goff, née Gendron), 188 (Mme Le Goff, née Gendron)], pendant que par ailleurs des photos (photos 5 à 11) étaient prises du baptême du petit Autret, âgé de 24 h ; à ce baptême, à la sortie, le parrain jeta de la monnaie aux enfants du bourg et d’une colonie de vacances venus attendre. Mme Le Goff (photo 12) de son côté fit mille manières et ralentit notre travail par ses refus alternés de consentements boudeurs.
D’une façon générale, on peut constater que les habitants du Morbihan ont été beaucoup plus accueillants que ceux du Finistère et qu’ils ont mieux compris notre tâche et l’ont secondée avec bonne volonté ; sans doute cela tient-il à plusieurs causes dont les deux principales furent d’une part le fait que nous avons été aidés à Surzur par M. de Langlais et qu’à Brandérion, l’abbé Falch’un y ayant fait un séjour préliminaire, il s’y trouva en pays de connaissance ; d’autre part les travaux de la moisson et des battages, très en retard pour la saison, ne nous ont pas trop gênés en Morbihan tandis que par ici ils battent leur plein. Enfin les bruits de mobilisation générale ne sont pas faits pour inciter les gens à chanter car ils ne peuvent comprendre que nous l’envisageons comme un travail. Noter cependant l’accueil chaleureux rencontré à Plonéis (Fin.) ; quelques années auparavant, M. Falc’hun y avait béni le mariage d’un cousin avec une jeune fille dont la famille fournit la plupart des informateurs. Remarquer à ce sujet l’importance des relations personnelles, de la préparation psychologique. De plus, dans le Morbihan, la mission fit un travail intensif très localisé, très circonscrit : 10 jours à Surzur et environs, 4 jours à Brandérion, dans le Finistère, extensif, visitant beaucoup de localités, mais ne s’arrêtant guère plus d’un jour dans chacune, pas assez pour "apprivoiser" les informateurs, toujours un peu méfiants par nature (ajout de l’abbé Falc’hun).
Après avoir enregistré M. Autret et Mme Le Goff, nous sommes allés à Kerdry près du Cloître chez Mme Jaouen et M. Derrien (photos 13 et 14) qui a bien voulu venir jusque chez elle [chant 190 (M.-J. Jaouen), 191 (M. Derrien), 192 (M. Derrien), 193 (M. Derrien)].
Pendant les enregistrements, avons remarqué [des sabots qui ont été photographiés (photo 15) et] un clapier fait avec des panneaux de lit clos daté de 1911 ; les chambres en effet contiennent des lits ordinaires.
Nous y avons aussi enregistré Yann Morvan (photo 16) qui est barde à ses heures et qui nous a été très précieux pour notre prospection d’aujourd’hui. [chant 194 (Y. Morvan), 195 (Y. Morvan), 196 (Y. Morvan)]