Journée 39 / 22 août – Châteauneuf-du-Faou Le Faou, Le Cloître-Pleyben, Hanvec, Gorre-Hanvec
Nous avions envoyé il y a quelques jours un avertissement de notre venue à Hanvec (note 23) (photo 1) aujourd’hui à M. Keanon Guénaon, expert géomètre. Nous nous y sommes donc rendus ; malheureusement notre informateur n’y était pas, pas plus que M. Le Cam, instituteur avec lequel nous avions rendez-vous à notre passage à Pont-L’Abbé le 5 août.
On nous signala que M. Kéanon Guénaon se trouvait au Faou ; nous y sommes partis et l’avons trouvé en train de déjeuner. La mise en route de la prospection fut lente ; la plupart des informateurs que M. Keanon Guénaon nous avait signalé ne se trouvaient pas libres étant carriers, cultivateurs (photo 2), etc.
Nous avons commencé par aller à Gorre-Hanvec où notre installation prit du temps car par suite d’un deuil il y a moins d’un an à la ferme de M. Gouriou (photo 3), il nous fut indiqué qu’on ne pouvait pas chanter dans la maison (photo 4) ; nous dûmes donc nous installer dans une grange attenante (photo 5) et il fallut s’accommoder d’un brouette renversée et nivelée par des moyens de fortune. Malheureusement, au moment d’enregistrer M. Gouriou [chant 176 (Y. Gouriou), 177 (Y. Gouriou), 178 (Y. Gouriou), notés à la volée], les accus d’enregistrement se trouvèrent subitement trop faibles à cause de la température humide qu’il fait tous ces jours-ci. Nous avons dû renoncer à aller dans les autres hameaux projetés, mais avec la petite consolation d’être presque sûrs de n’y trouver personne. Nous sommes alors revenus au Faou et avons eu beaucoup de mal à décider M. Bescond à chanter pour nous dans l’arrière boutique d’un café [chant179 (Y. Bescond), 180 (Y. Bescond), notés à la volée]. Constatons en passant que c’est l’endroit le plus sale où nous avons travaillé jusqu’ici…
NOTE 23 de l’addendum au journal de route (qui comprend, pour les lieux où la mission s’est rendue et au fur et à mesure qu’ils sont traités dans le journal de route, les réponses aux questionnaires qui avaient été lancés avant le départ de la mission et en vue de l’établissement de son itinéraire).
23 – Hanvec (Finistère)
Réponses I à III : Toute la population de plus de 40 ans sait danser la gavotte, le bas en rond, la danse des rubans et la danse dite de front, du Léon ou pilad lann (foulage de l’ajonc) ; avant la guerre de 1914-18, on dansait encore le stoupic et la bal-dérobée. Ces danses sont accompagnées du grand biniou, pibroc’h ou bag-pipe, de la bombarde ou d’accordéon. Mais les sonneurs se font très rares : le joueur de bombarde (Le Faou) ne joue plus, faute d’un joueur de biniou pour l’accompagner ; les jeunes ne s’y intéressent pas. Les danses sont également accompagnées par des chants alternés de deux chanteurs. La danse des rubans est une danse de concours : elle se pratique dans les cantons de Daoulas et du Faou et une partie des cantons de Pleyben et Châteaulin ; un menuisier du Faou est réputé pour ses aptitudes à l’exécuter. L’air classique pour la danse des rubans serait le suivant (illustration 6).
Quant au pilad lann, il ne se dansait avant la guerre de 1914 que dans la vallée de l’Elven, Ploudiry et Sizun (Léon). Depuis la guerre de 1914, il est pratiqué dans les cantons de Daoulas, Le Faou et Pleyben (Cornouaille). Voici le chant-type du pilad lann (il y a aussi de ces chants en 2/4) (illustration 7). On danse encore la danse de l’étourdi (Dans an Itourdi) après le foulage du blé noir. Les jeunes connaissent les danses et les chants traditionnels.
(M. H. Le Menn, Stains (Seine), quest. 5/4 reçu le 30 mai 1939).
Réponse IV : A Hanvec, le dimanche après la Trinité, danses avec binious et bombardes.
Réponses V à VII : - Aux noces, qu’on célèbre le mardi et le mercredi (elles durent généralement deux jours, rarement trois), on danse ; on faisait la cérémonie de la soupe au lait en chantant ar soubez al leaz (M. Guénaon, loc. cit) ; on ne l’aurait pas faite depuis 1924 (M. H. Le Menn, loc. cit.).
- Après le foulage du blé noir, on exécute la danse de l’Etourdi.
(M. Guénaon, expert-géomètre à Hanvec, quest. 5/17 reçu le 7 juin 1939).